Le samedi 24 novembre 2018 aura donc consacré la victoire de Kerozene.

L’artiste porté par BK prod et accompagné par plus de six annonceurs, a fait débordé la “4000 places” du Palais de la Culture de Treichville (Abidjan). Retour sur un pari gagné.

Molare, concepteur du Coupé décalé, a tenu à adresser ses félicitations à l’artiste avec une avalanche de grosses coupures.

Il avait annoncé du spectacle toujours en refusant de donner plus de détails. C’était dans le jardin de la Villa TRACE quelques semaines auparavant. Kerozene monte sur scène autour de 20H. L’auront précédé en première partie, Ariel Sheney, Debordo, Magic Diesel, Safarel Obiang, Nafasi, et plusieurs artistes en développement.
En réalité, Kerozene atterrit sur scène.

Une entrée sur scène ambitieuse mais maladroite

Le public enthousiaste est invité à regarder les écrans LED. La petite vidéo diffusée donne de la voix aux proches de l’artiste. Sur fond de musique douce, ils affirment leur respect et amour. Des jeunes du quartier Siporex, son arrangeur, sa productrice, à sa mère, on est touchés. Et puis vient le moment de lancer les projecteurs sur Kerozene. Le dispositif un peu trop visible gâche quelque peu le côté sensationnel de l’entrée. Il semble en situation inconfortable, ce qui met à mal son charisme. Mais le couac est rattrapé à l’atterrissage. À genoux, les bras levé, il déchaîne la foule. Derrière, l’orchestre donne le ton. PRENANT ! La suite est une démonstration de talent et de justesse.

Un live parfait pour une mise en scène à saluer.

Kerozene est un CHANTEUR. Sa voix porte, il chante juste, et c’est beau. Il ne surpasse pas ses musiciens, et ceux-ci ne l’écrasent pas. Il y a eu des répétitions rigoureuses et une balance calibrée. C’est évident ! D’ailleurs c’est le lieu de féliciter le staff sur cet aspect. On n’a pas eu à assister à une balance.
Pour la victoire de Kerozene, pas de play back, ni de semi live. Live jusqu’à la fin. Il ne souffre pas. Il n’a pas le souffle coupé, et pourtant il danse avec entrain dans ses costumes 3 pièces. Les transitions sont pour la plupart bien menées. Il y a de la mise en scène sur le titre “MariJo” et “Ça dépend de toi” avec la star du moment Douguoutigui. Tant qu’on y est, quid du répertoire de cette soiree chaude ?

Kerozene, trait d’union entre le Coupé décalé et le Zouglou.

Certains se demandaient si ses 6 titres connus suffisaient à monter un spectacle. Eh bien oui, puisqu’il fallait compter avec des inédits et des collaborations. Et c’est là qu’on réalise que l’homme transcende les deux genres musicaux ivoiriens les plus écoutés : Le Zouglou et le Coupé décalé. Aujourd’hui Kerozene a reçu le soutien et donc la reconnaissance des acteurs des deux rythmes. Ils se le réclamaient tous et montaient sur scène le féliciter. Pat Saco, Magic System, Yabongo lova, Les leaders, Lunik… Ils ont loué le parcours atypique de l’homme qui a d’ailleurs fait à ses débuts du Zouglou (ceci explique cela). Le Coupé décalé était tres present aussi avec Molare concepteur, et Claire Bahi, première Dame autoproclamée du mouvement. Il y a eu les “travaillements”, les spots. Ce soir, Kerozene a été le trait d’union, un rassembleur. Mais ce qui marquera encore plus les spectateurs, ce sont les moments forts en émotion. Ah qu’il y en a eu…

Les Magic System étaient présents au grand complet, avec les enfants de la Fondation.

Le témoignage émouvant d’une victoire

Son quartier d’enfance toujours à l’honneur dans ses chansons, Siporex, était fortement représenté. Il y avait même des chauffeurs de salle bénévoles. Infatigables et entraînants, ils ont démontré leur admiration pour leur ambassadeur. La famille était aussi là. Sa mère est arrivée sous des applaudissements et des cris de bonheur. C’était impressionnant. Son père, son oncle Rémi, ses sœurs, ses tatas du quartier, “ses frères sang”, ses soutiens des premières heures étaient présents. Tour à tour, en chanson, en larmes aussi parfois, il leur a chanté sa reconnaissance. Kerozene a réussi tout le long du show, titre après titre, à nous faire le récit de sa victoire. C’était un témoignage. Vous savez, le genre qui vous rappelle ceux de l’église ou un fidèle relate sa délivrance. Et à aucun moment ces instants n’ont porté atteinte à l’intensité du concert. Au contraire…

La mère de l’artiste a été honorée par le public. Elle a été invitée sur scène par son fils.

Une sortie cafouilleuse cependant

On nous dira peut être que c’est souvent ainsi en Coupé décalé. On déroule les derniers spots négociés avec insistance par de jeunes boucantiers. Le fil est perdu. Il ne faut oublier personne. Le public qui a conscience que c’est la fin, se dilue tout doucement. Les fans turbulents osent monter plus librementsur scène. L’artiste est plus ou moins dépassé. Mais ce n’est pas bien grave, le show a été bien géré… Le Coupé décalé n’est jamais facile.

Il est important de saluer l’entrée de Bebi Philip à la Guitare. Sa dextérité est incontestable sur ces cordes. Comme lui, une chorale a repris “la victoire” à sa façon, le temps de permettre à la star de porter sa troisième tenue pour clôturer avec le fameux titre. Ce sont des détails qui prouvent la volonté qu’a un artiste de satisfaire son public.

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